Journal d'un marginal

1. Jour, inconnu. Un nouveau départ ?

J'suis arrivé dans la première navette. Quelle horreur. La foule criarde, les gamins heureux de quitter le vaisseau, les abrutis finis croyant qu'il y a un espoir de reconquête et qui viennent pour tenter de se faire de la maille.

L'Etre humain me dégoûte. C'est dit. J'me demande si on ferait pas mieux de la laisser aux mutants cette planète pourave. La "Terre-Mère", la "Terre Nourricière", il est marrant l'Empereur. C'est pas lui qui est venu ici. Nan, sa Majesté Divine préfère rester à des mois de voyage, bien pénard dans son palais. Et dire que j'ai bossé pour ça.

Bref, j'vais voir si je peux pas me trouver un job : le chef autoproclamé de la Colonie veut faire une usine de désalement, j'vais voir. S'il paye bien, j'vais peut-être accompagner les pécords à la mort. Sinon, j'me débrouillerai, ça me changera pas de Terra-02.


Swerd Iskoras,
Journal d'un marginal. Première page.

Jour, toujours inconnu.

Va falloir que je trouve un calendrier ou n'importe quel truc qui puisse me filer la date et l'heure. Le voyage m'a complètement déboussolé et une saloperie de môme m'a pété ma montre dans l'embarcadère. Même pas un "j'm'excuse monsieur", s'il n'y avait pas eu autant de monde, je l'aurai sûrement massacré ce sale mioche.

Bon, j'attends de voir l'équipe qui part construire l'usine. C'est pas payer, tant pis, ça me permettra au moins de m'entraîner et de sortir de ce bidonville qu'on appelle Colonie 1. Les gens m'énervent, j'les supporte plus. Faut que je bouge sinon je vais péter un câble et ça risque de partir en meurtres en série.

Sinon j'ai rencontré un espèce de bridé du nom d'Aïwa Yoshimitsu, il se dit scientifique mais il a plus l'apparence d'un guerrier. On verra bien, mais je le surveille de près, j'aime pas les utopistes.


Swerd Iskoras,
Journal d'un marginal. Fin de la première page.

Aïwa s'approche de Werd en train d'écrire son journal

- "Qu'est-ce que tu fais?"

Il se saisit du journal et commence à lire tout haut.

-" (...)Je déteste les humains". Ah ah! Je vois le genre , et bien, j'espères que tu n'écriras rien d'autre sur "l'espèce de bridé", ou que ce sera plus sympathique que ça!"

Swerd commence alors à s'énerver légèrement.

- "Pour ta gouverne, nous sommes le 4 Avril de l'an 20 000, une date facile à retenir, non?"

"C'trop aimable, merci pour la date."

Alors qu'Aïwa s'apprête à s'éloigner, Swerd lui lance alors :
"Eh ! La prochaine fois que t'essayes de me piquer mon journal, je pourrai pas garantir ton intégrité physique."

- Que dirais-tu d'un petit duel à mains nues, histoire de nous échauffer?

2. Moi, serviable ? -- 15 Avril 20 000

C'est le deuxième jour que nous sommes ici. Je fais petit à petit connaissance avec les colons. J'suis aller aider à construire l'usine, c'était crevant, mais c'est un passage obligé si on veut rester vivant. La Nature se découvre peu à peu à nous. Les chasseurs ont ramené du gibier hier soir : des écureuils mutants. Ils tiennent plus du singe pour la taille que du rongeur, mais bon. Comme je m'en doutais, c'était déguelasse, mais faut bien manger. En parlant de ça : Aïwa Yoshimitsu, le scientifique aux allures de catcheur, s'est fait mordre par des fourmis géantes et un flic a carrément servi de dîner hier soir... Quand je disais que c'était dangereux.

Je me demande si je ne m'y fais pas à la vie en communauté. Enfin, progressivement, faut pas déconner non plus. Je sais pas, peut-être le fait d'être quasi perpétuellement à cran, surveiller les moindres détails en dehors de la Colonie ? J'en deviens presque quelqu'un d'autre, quelqu'un de serviable. Et le pire, je le fais inconsciemment. J'croyais pas que ce coin me changerait. C'est bizarre et limite, ça me fait peur, et sérieusement qui plus est.

Sinon, Marte, un jeune scout, et moi on est allé explorer un vieux bâtiment sur la plage, à côté de l'usine. On a essayé de courser quelque chose, mais il a totalement disparu dans le couloir. Mais aujourd'hui, j'vais le choper et j'vais lui coller une de mes lames dans les carotides... Ca me manque de ne plus assassiner. Je pourrai peut-être ? Non. Faut pas que je laisse les drogues de combat me remonter au cerveau !! Cette saloperie m'a gâchée la vie durant tout mon service, je dois arrêter d'y penser...


Swerd Iskoras,
Journal d'un marginal. Page 2.

3. Mais quelle poisse ! -- 4 Mai 20 000

Hum. Ca fait longtemps que je n'ai pas ouvert ce carnet. Enfin, vu les événements récents, ce n'est pas étonnant. Entre les assauts des mutants et la destruction de la Colonie 1, où trouver le temps d'ouvrir ce foutu journal, hein ?! Le combat, le sang, le lot de morts quotidiens, les attaques incessantes... Nan, vraiment, j'ai des circonstances atténuantes.

Bon, mais que je résume rapidement les faits. La Colonie 1 a été totalement rasée et seuls quelques milliers de survivants ont pris la route de la Colonie 2. Entre temps, un espèce de vieux cinglé, Ki-Dé, si j'me souviens bien, nous apprend l'existence de cailloux magiques surpuissants qui pourraient nous aider à recoloniser la Terre et à éradiquer les saloperies mutées. J'y crois pas à un instant à ce machin, mais bon, je suis pas là pour détailler ce que je pense des gogos qui espèrent que ça marchera...

Toujours est-il que nous voilà soulager d'un millier de colons qui vont jouer au radeau de la Méduse et d'une partie des hommes qui donnaient un minimum d'autorité qui sont eux aussi aller pêcher. Donc me voilà chef autoproclamé des autres et nous sommes repartis vers la Colonie 2. Pas d'embrouille pendant le trajet. Aucun souci.

Mais voilà, aujourd'hui, ce n'est pas une ville protégée et accueillante que nous avons vu, il s'agissait d'un amas de ruines, mêlé de cadavres en tout genre. J'ai donné mes ordres, nous campons ici pour la nuit. Je sais que personne ne réussira à dormir, mis à part moi, mais autant laisser refroidir les moteurs. Demain matin, nous repartirons pour fonder une nouvelle ville, j'espère trouver aussi une radio pour appeler la station orbital.

Wait&See !

Swerd Iskoras,
Journal d'un marginal. Page3.

4. Mais qu'est-ce que je fous là ?! -- 24 août 20 000

Eh beh, ça fait longtemps que j'ai rien ajouté dans ce journal. Enfin, avec les journées que je me tape, c'est pas étonnant : j'ai pas une minute à moi, j'dois tout gérer... Bientôt on va même me demander quelle est la meilleure façon de faire un lacet de pompe ou comment cuire des pâtes.

Tiens, la nourriture, parlons-en. Les vivres commencent à manquer, pas étonnant, on vit sur nos réserves depuis un petit bout de temps maintenant. C'est pas encore catastrophique, mais ça risque de le devenir si on fait rien et si on trouve pas un bon coin de chasse. Voire même de pêche, le camp fortifié est en bord de mer. D'ailleurs... ça me fait penser qu'on va devoir essayer de se débrouiller pour désaler l'eau. Ca va encore être du système D, j'le sens gros comme croiseur impérial.

De plus, l'Empire nous a complètement lâché j'ai l'impression. Ils avaient prévu, même pas de renfort. On se retrouve bloqué, sans évacuation possible des civils, sans matériel supplémentaire. Et pour quelle raison ? Parce que ces messieurs de l'Etat-Major Impérial n'avaient pas pensé qu'il pourrait rester des mutants sur la Terra. C'est à chialer devant tant d'incompétence.

Mais bon, il y a peut-être une solution. On a découvert une ville pendant une mission de récupération - qui a échoué soit-dit en passant - et il se peut même qu'elle soit habitée. On va essayer d'aller nouer des contacts. Croisons les doigts que ce ne soit pas une tribus de bestioles bizarres qui essayera de nous bouffer dès qu'on posera un pied en dehors de la jeep.


Swerd Iskorias.
Journal d'un marginal. Fin de la page 3, début de la page 4.